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vendredi 22 avril 2016

Chapitre Remember : Histoire de Cuba

Avant de visiter Cuba nous avons relu un peu l’histoire de cette île où le temps semble s’être arrêté…
Pour ceux qui ne connaissent pas bien les péripéties de Fidel Castro et du Che, quelques petits rappels historiques s’imposent afin de mieux comprendre dans quoi baigne la population cubaine.
Sources :
Visite musées de la ville à Trinidad, Visite Santiago de Cuba
CubaGuide du routard 2016, Hachette livre, Août 2015, ISBN 978-2-01-396045-8 p. 70-100

      
Je vais essayer de vous faire un compte rendu de l’histoire cubaine, avec tous ses retentissements...
Musée municipal près de la place Parque Cespedes (gratuit) - Trinidad

A partir de l’époque de la prohibition, l’île se convertit  en lieu de tous les plaisirs à disposition des Gringos. La Havane est le rendez vous de la jet-set et de toutes les stars hollywoodiennes, soleil, palaces, casinos, alcool, jazz et rythmes tropicaux… tous les ingrédients pour  en faire la capitale mondiale du jeu, de la prostitution autrement dit de la mafia et de la corruption.
Les présidents corrompus se succèdent.

Durant cette période une figure se détache celle de Fulgencio Batista. Ce colonel de l’armée profite de la déroute du président Machado (qui s’enfuit vers Miami avec ses sacs d’or !) pour reprendre en main la situation. A partir des années 30 il manœuvre la politique dans l’ombre. Au pouvoir en 1934, il reçoit à bras ouvert la mafia américaine. La Havane se part toujours de superbes palaces et la ville devient le haut lieu de la débauche.

En 1946, un jeune étudiant, Fidel Castro est élu président de l’Association des Etudiants en droit.
Fidel Castro est né en 1926 d’une mère cuisinière créole et d’un riche propriétaire terrien. Reconnu officiellement seulement à l’âge de 17 ans, il reçoit une éducation catholique et fait ses études chez les jésuites. Réputé étudiant batailleur et rebelle Fidel était déjà Castro avec des traits de caractères bien trempés, meneurs d’homme, sens de la parole, radical, patriote…
En 1953, le jeune avocat Fidel Castro décide de déclencher une révolte armée contre le régime en place et attaque la caserne militaire de Moncada à Santiago en plein Carnaval pour récupérer des armes. Cette rébellion se solde par un échec. Il se retrouve prisonnier mais le « castrisme » est en marche. Il plaide sa propre défense et prononce un discours de 5 h qui touchera au cœur les Cubains. En effet, il dénonce les injustices et la misère. Condamné à 15 ans de prison, c’est là qu’il lira les œuvres de Marx et l’histoire des révolutions réussies. Libéré en 1955, il fuira Cuba avec son frère Raul pour gagner le Mexique. Ils y achètent un petit yacht le « Ganma » et préparent le débarquement qui leur permettra de renverser le pouvoir.

"Le Ganma" Musée de la lucha contra los Bandidos-Trinidad


C’est à Mexico que Fidel rencontre Ernesto Guevara dit le « Che » qu’il engage comme médecin  du commando.

Je ne peux pas continuer sans vous présenter le « Che », l’idole vénérée de Cuba. Il s’agit du bras droit de Fidel pendant la révolution el comandante Guevara.
                                                                                                                                       
Cartes postales à l'Hôtel Casa Granda - Santiago

Aujourd’hui pourtant le mythe bat un peu de l’aile car l’histoire cachée de Guevara commence à se révéler entre idéologie humaniste et échecs sanglants. Né en 1928 en Argentine, Ernesto Guevara montre une volonté d’acier dans tout ce qu’il entreprend. D’abord très sportif, (pourtant asthmatique) il a aussi un goût compulsif pour les livres et dévore dès 15 ans Adler, Marx, Engels, Lénine… Il épuise la poésie française, Hugo… Il aurait pu devenir écrivain mais choisit la médecine. A 23 ans, il part à la rencontre de son pays en moto rafistolée « La Vigoureuse » avec un copain. Il découvre la réalité sociale des indiens au Chili,  Pérou, Colombie. Riche d’expériences, il rentre à Buenos Aires pour achever ses études de médecine.  Puis il rencontre Castro à Mexico. Au-delà de l’image charismatique  de celui qui est prêt à mourir pour les autres, le Che possède sa part d’ombre. Son zèle assez dérangeant va jusqu’à organiser des simulacres d’exécution, qui lui vaudra le surnom de Carnicerito (« le Petit boucher ») Il fait exécuter  des centaines de policiers et militaires du régime précédent, jugés coupables de crimes de guerre puis il crée des camps de travail et de rééducation.
En 1959, il est nommé à la tête de la Banque Centrale et Chef de l’industrie. Cet économiste atypique paraphe les billets de banque d’un « Che » ironique et provocateur alors qu’il prône d’ailleurs l’abolition de l’argent. (en vente dans les rues de Trinidad pour 3 CUC)
Au regard des événements, il perd sa foi envers l’URSS auquel il reproche d’avoir plié face aux Etats Unis en 1962 et de ne pas avoir utilisé l’arme nucléaire !
Son idylle cubaine consommée, le Che décide de rejoindre d’autres luttes en tentant d’appliquer à d’autres pays le modèle de la révolution  (ex Congo, La Paz en Bolivie)
Le 8 octobre 1967, à bout de force, il se fait capturer par l’armée bolivienne qui contacte Washington. La CIA, le pentagone et le président Johnson avaient depuis longtemps décidé du sort du guérillero et vers minuit l’ordre formel émanant des EU est donné de l’éliminer.

Fidel Castro et le Che parviennent jusqu’aux côtes cubaines le 2 décembre 1956, grâce au Granma.

                                           Musée de la lucha contra los Bandidos-Trinidad

Pourchassés par l’armée de Batista les compagnons de Fidel et du Che se réfugient dans la sierra Maestra, une chaîne de montagne au dessus de Santiago. Les guérilleros s’organisent et fondent l’armée rebelle. Fidel conscient de l’importance de la communication lance le journal Cubano libre et crée Radio Rebelde. Il accorde au New York Time une interview qui propage dans l’opinion internationale, l’image romantique de ces jeunes révolutionnaires luttant pour la justice. En 1958, Batista menacé fuit le pays vers la République Dominicaine. Le 1er janvier 1959, Fidel Castro fait son premier discours national du haut de la terrasse du Ayuntaminto (mairie) de Santiago.
Place Parque Cespedes - Santiago de Cuba Région de l'Oriente

Le 8 janvier 1959, Fidel entre dans la Havane en héros, acclamé par la foule. A ce moment la révolution cubaine n’est ni socialiste, ni communiste, il s’agit d’en finir avec la dictature de Batista, l’oppression policière, les inégalités sociales, la décadence engendrée par la mafia américaine. Jusqu’à cette date la mainmise économique américaine sur Cuba n’avait jamais été aussi forte. Wall Street contrôlait 90 % des mines, 90 % des plantations, 80 % des services publics et 50 % des chemins de fer. Installé au pouvoir, Castro décrète une série de réformes : confiscation des industries étrangères, nationalisation des plantations, de l’industrie sucrière, des raffineries de pétrole… Le gouvernement révolutionnaire augmente les salaires, baisse les prix des services publics.
En mai 59, il met en place la 1ère réforme agraire qui limite la taille des exploitations  et les paysans commencent à récupérer leurs terres.  La chasse aux sorcières est ouverte, les anciens privilégiés fuient le pays vers Miami en abandonnant leurs biens.
1960 est marqué par les réformes de l’éducation et de la santé. L’instruction publique est obligatoirement laïque, appuyée par une immense campagne d’alphabétisation. L’accès aux soins est gratuit pour tous. Fidel lance le nouveau slogan de cuba : « Patria o muerte » ! (« La patrie ou la mort ! »)
Pancarte à la sortie de Trinidad 
(par contre il manque le portrait de Fidel Castro... déclic trop rapide !)

En Juillet 1960, c’est la crise entre Cuba et les EU à propos du sucre. En octobre les EU déclarent l’embargo commercial et rompent leurs relations diplomatiques. Les EU ne veulent pas en rester là. Le 17 avril 1961, après un raid aérien maquillé aux cocardes cubaines, quelques 1400 mercenaires anticastristes vont envahir la baie des Cochons (playa Giron) La mission est de renverser le régime de Fidel Castro. Les mercenaires (aucun américain dans les effectifs) ont été entraînés par la CIA  et les marines au Guatemala ou Nicaragua. L’opération est planifiée sous le mandat d’Eisenhower et décidée par le jeune Kennedy depuis peu au gouvernement. 1100 mercenaires seront faits prisonniers libérés en échange de quelques 53 millions de dollars d’équipement médical, de tracteurs, de médicaments, d’aliments pour enfant et plus de 20 millions de rançon.
Les années 1960 sont celles du rapprochement entre Cuba et l’URSS. Tous les faits et gestes sont surveillés. On assiste à un exode massif des cubains vers la Floride.
Cuba a été également le lieu de stratégie moscovite. En 1962 Moscou n’a pas apprécié le déploiement de missiles américains en Turquie. Le N°1 de l’URSS, Nikita Khrouchtchev passe à l’acte en faisant installer toute une série de rampes de lancement de missiles à ogives nucléaires sur Cuba. C’est la crise des fusées, appelée aussi crise d’octobre. Déterminé Fidel profitant de l’aubaine, demande aux russes de tirer si les américains décident d’envahir Cuba. Heureusement les 2 grands finissent par se mettre d’accord sans consulter Fidel Castro qui lui ne valide pas la clause. Le Che également qui part vers d’autres conquêtes révolutionnaires.
A l’aube de 1970, l’union avec l’URSS est scellée. L’économie cubaine est soutenue par l’Union soviétique. Ce sont les années de gloire du Castrisme. Les réseaux routiers se développent, des cités sont construites pour accueillir les populations, l’alphabétisation est éradiquée, le nombre de médecins est multiplié et le taux de mortalité infantile abaissée. Cuba devient le symbole de la lutte contre l’impérialisme américain… certains français ont un engouement pour cette période, comme Jean Paul Sartre et Simone de Beauvoir, Françoise Sagan, Danielle Mitterrand, Bernard Kouchner qui interrogea Fidel Castro… 2 français eurent une vision lucide des réalités cubaines et les dénoncèrent : René Dumont et K S Karol. Par la suite la classe intellectuelle française se mit à oublier Cuba.
1980, la dette envers l’URSS croît dangereusement, l’année commence avec de mauvaises récoltes dans les plantations de sucre et de tabac. Le poids de la bureaucratie se fait sentir. Cuba est montré du doigt pour violation des Droits de l’Homme. Le scandale Ochoa porte un coup fatal. Compagnon de Fidel Castro, il a joué un rôle important de la révolution. 3ème haut gradé dans l’armée cubaine, il est accusé de trafic de drogues et de corruption. Il avait conclu des accords avec les narco trafiquants colombiens, notamment le cartel de Pablo Escobar. Les bases du régime sont ébranlées. Il sera exécuté en juillet 1989.
La disparition de l’URSS, l’appui politique et financier de Cuba tombe. 5 millions de dollars, 10 millions de tonnes de pétrole et 6 milliards de dollars d’importation disparaissent. Le problème s’aggrave du fait du maintien de l’embargo américain. Une période d’austérité voit le jour auprès des cubains. Tout manque jusqu’à l’aspirine, l’électricité et les bases de l’alimentation. La libreta (carnet de rationnement) devient peau de chagrin. Le marché noir se généralise, le système D et le  troc sont courants. A partir de 1985 les capitaux étrangers sont les bienvenus.  L’histoire n’est pas finie. Même si les conditions semblent s’adoucir, la population vit toujours dans la crainte (ne part dire, ne pas montrer.) Aujourd’hui, la libreta tend à disparaitre, déjà le savon le dentifrice et la lessive ne figurent plus sur les tickets de rationnement. La chute du mur de Berlin n’arrange rien. A noter que la Russie et le Mexique ont effacé une grande partie de la dette cubaine. Le Brésil et le Vénezuela sont aussi de nouveaux alliés économiques.
Aujourd’hui le blocus est toujours en vigueur et renforcé régulièrement. La reprise de dialogue entre les Etats unis et cuba est amorcé depuis 2014.  Barack Obama a annoncé que l’embargo mis en place depuis 1962, devrait être réexaminé par le Congrès Américain. Il souhaiterait que le blocus soit levé avant la fin de son mandat en 2017. La visite du président américain en avril 2016 va peut être faire avancer la suite des évènements….

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